Toutes les publications
Actualités

Revitalisation enclenchée pour Baie St-Paul

26 juin 2013

Par Constance Aspart, Chargée de projet  I  Développement durable. LEED GA

La revitalisation de rue Saint-Jean-Baptiste, artère principale de Baie Saint-Paul sur laquelle s’amassent chaque année plus de 170 000 touristes, a fait l’objet d’un vif débat. Constitué d’un enfouissement des fils électriques, de la réfection de la rue et du réseau d’égout et d’aqueduc, ainsi que d’un design urbain invitant, le projet avoisinait les 5 millions de dollars.

REVI-ENCLENCHE

Source : embellissement-bsp.com
Une revitalisation débattue…

L’enfouissement des fils électriques était pris en charge par Hydro Québec à hauteur de 2,5 millions de dollars. La ville prenait en charge la réfection du réseau d’égout et d’aqueduc pour 1 100 000 $. Il lui restait à payer une part de 1,7 millions environ, pour l’aménagement du site et l’enfouissement. Quatre conseillers se sont longtemps opposés au projet, qualifiant l’enfouissement des fils électriques de « coquetterie », un projet à la priorité douteuse qui allait fortement peser sur les taxes.

L’hésitation a failli coûter à Baie St-Paul sa subvention. L’Association des gens d’affaires a donc proposé au Conseil municipal de payer la totalité des 1,7 millions restants à payer. Deux conseillers ont accepté et le projet a été adopté, épargnant les propriétaires résidentiels. La légalité de la proposition est contestée et plus d’une centaine de commerçants s’oppose finalement au projet via une pétition. Le conseil rejette alors la proposition, à de nombreuses reprises…
… sauvée par une mobilisation citoyenne

Un comité de citoyen demande, plus d’un an après le début de l’affaire, de tenir une consultation publique. L’Association des Gens d’Affaires a parallèlement lève des fonds auprès des entreprises locales et le comité d’embellissement lance son site-internet ainsi qu’une campagne de financement. Des « pavés souvenirs » au coût de 200, 500 ou 1000$ sont en vente, afin que chacun puisse participer et rapporteront au final près de 75 000$. Les citoyens sont invités à financer un bollard, un lampadaire ou encore une intersection de rue à 25 000 $ ornée d’une plaque d’identification du généreux donateur… Et les initiatives se succèdent. Citons notamment une bière de micro-brasserie locale créée spécialement pour l’occasion et qui a amassé à elle seule 50 000 $.

Après moult péripéties, l’aménagement (1 100 000 $) est entièrement financé par le milieu (700 000 $), le gouvernement du Québec par le biais de deux programmes du MAMROT (300 000 $) et Tourisme Charlevoix (100 000 $). Grâce à la population, la rue Saint-Jean-Baptiste mettra en valeur ses bâtiments historiques, offrira aux piétons des trottoirs de 3 mètres de large, des intersections pavées avec bancs, des luminaires à DEL pour diminuer la  pollution lumineuses ou encore des colonnes Morris.
Que peut-on alors tirer de Baie St-Paul?

Si le financement participatif ne peut se substituer aux pouvoirs publics comme on a pu le voir aux Etats-Unis avec les dérives du site de financement Kick Starter par exemple, force est de constater que l’engagement citoyen peut parfois sauver des villes et mérite toujours qu’on lui accorde une place dès le début du processus de planification. Ici comme ailleurs, une démarche « bottom-up » l’a emportée, avec une forte appropriation du projet par les citoyens qui se sont donnés des moyens de mise en oeuvre.

Le cas de Baie Saint-Paul n’est pas unique : plusieurs autres municipalités sont souvent citées en exemple, dont Sainte-Camille. Tous les cas de revitalisation réussies ont été pris en charge par les acteurs locaux. Le défi pour une municipalité réside donc avant tout dans la mobilisation des acteurs, afin qu’ils s’approprient dès le départ la revitalisation de leur milieu.