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Où en sont le PMAD et les TOD, un an plus tard?

10 avril 2013

Par Louis-Michel Fournie, Urbaniste

Un an déjà est passé depuis l’entrée en vigueur du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) de la CMM. Ce plan, qui a d’abord été mal accueilli par les élus en 2005, a su évoluer vers une démarche plus participative et intégrée pour rallier l’ensemble des 82 municipalités. Plusieurs organisations ont d’ailleurs attribué des prix et distinctions à la commission d’aménagement pour la réalisation du Plan, dont l’AQTR et l’OUQ. De plus, les médias ont amplement parlé des nouvelles exigences en termes de densification et des limites à l’urbanisation.

Les « Transit oriented development » (TOD) ou développements axés sur des nœuds de transport, sont le principal moyen de mise en œuvre du PMAD et sur toutes les lèvres depuis un an. Mais ils sont encore mal compris, et ce même par plusieurs professionnels de l’aménagement. Pour les prochaines années, le défi réside dans la concrétisation du plan et en premier lieu, dans la réalisation de TOD bien conçus. Comment les MRC et les municipalités vont –elles composer avec ces nouvelles prérogatives dans l’aménagement de leur territoire? Deux niveaux d’intervention s’imposent pour parvenir à mettre en œuvre des solutions d’urbanisme durables telles que les TOD : la planification territoriale et les projets urbains.

Planification territoriale
La MRC L’Assomption et les municipalités qui la composent sont les premières à expérimenter les incidences en planification du nouveau PMAD. Le Schéma d’aménagement et de développement révisé (SADR) de la MRC L’Assomption, en vigueur depuis le 19 décembre dernier, est en effet le premier à être conforme au PMAD. Fait exceptionnel, c’est la première fois qu’un schéma d’aménagement est accepté au premier dépôt, il n’a pas eu à produire de SADR de remplacement! Les municipalités comprises dans la MRC travaillent présentement à la révision de leurs documents de planification, en conformité avec le Schéma, mais pour la première fois elles doivent tenir compte des orientations métropolitaines du PMAD qui y sont transcrites.

Le schéma inclut une planification régionale de la densité et des TOD. La densité minimale a été fixée à 40 log/ha dans les aires TOD et à entre 15 et 21 log/ha à l’extérieur. On exige aussi que chacune des aires TOD fasse l’objet d’une planification détaillée en énonçant des critères d’aménagement. Cette MRC pourra donc servir de référence aux 13 autres, à qui il reste moins de 2 ans pour se mettre en conformité au PMAD.

Projet urbain
Dans les interventions phare découlant du PMAD, le soutien à la réalisation de 7 projets pilotes de TOD est certainement la plus marquante à ce jour. Ils recevront en effet un soutien financier de 100 000$ de la CMM pour leur planification détaillée.

Carte de localisation des TOD
Carte tirée du Bilan 2013 de la mise en œuvre du PMAD, Cahier métropolitain No 2, février 2013

Ces projets urbains sont encore très embryonnaires voire non débutés, à l’exception de la Ville de Candiac qui a déjà amorcé la conception d’un PPU pour planifier son TOD. Cette démarche est digne de mention, car la municipalité exerce son rôle de leadership tout en favorisant un climat de collaboration en incluant les différents acteurs pertinents au processus de planification.

 

Mise en œuvre TOD : les clés du succès
La mise en œuvre du PMAD, et plus largement d’un projet de développement urbain durable, réside dans la démarche de planification et le design urbain. En premier lieu, l’intégration de l’ensemble des parties prenantes autour d’une vision partagée est l’assise d’un projet réussi. Le directeur de la CMM, M. Massimo Letsoni fait d’ailleurs la promotion d’une démarche intégrée en ce sens.

conception-integreLa conception intégrée

Les plans, tels que les plans d’urbanisme ou PPU sont trop souvent pleins de bonnes orientations, mais tablettés faute de prise en charge par des partenaires. Le processus de conception intégrée a l’avantage d’intégrer les parties prenantes en amont comme en aval de la planification. Les acteurs participent à la vision comme à sa concrétisation. On assure ainsi une meilleure mise en œuvre des interventions planifiées.

Au-delà de la planification, la qualité du milieu de vie conçu est essentielle. C’est la deuxième condition de succès d’un TOD, soit le design urbain. Il ne s’agit pas simplement de regrouper quelques bâtiments denses et une mixité d’usages autour d’une gare intermodale pour réaliser un TOD, on doit concevoir une expérience à l’échelle humaine, à la fois conviviale et esthétique, un véritable quartier « marchable » où il fait bon vivre et travailler.

Une multitude de méthodes et de moyens développés à travers des programmes TOD partout en Amérique du Nord peuvent servir d’inspiration (Austin, Philadelphie, Washington, San Francisco, Seattle, Portland, Denver, etc.). Les expériences menées ailleurs doivent également servir à repenser la manière même de développer. Les méthodes de planification et de conception ne doivent pas être copiées mais bien adaptées au contexte particulier de chaque projet, afin de réaliser des quartiers durables et porteurs d’une identité forte. Il est sans aucun doute possible d’aspirer à des résultats aussi bénéfiques voire plus réussis que les TOD cités en exemple aujourd’hui. Les leçons tirées des expériences précédentes et la conception intégrée sont dans tous les cas les pistes à suivre.