
L’URBANISME TACTIQUE | Du concept à la mise en oeuvre
19 octobre 2016

Qu’est-ce que c’est?
Le mouvement est né d’une intervention urbaine spontanée et éphémère du collectif d’artistes Rebar qui loua une case de stationnement pour y aménager un café-terrasse à San Francisco, le temps d’une journée. S’ensuivit la mise en œuvre de jardins communautaires, de placattoirs (parklets), de performances artistiques sur rue, d’installations éphémères, de microarchitecture, etc. L’objectif de telles interventions est la réappropriation citoyenne de l’espace public de manière ludique et festive, tout en créant une discussion à propos de son potentiel de développement. Ce concept a par la suite été théorisé et popularisé par le jeune auteur et blogueur Mike Lydon avec son Tactical Urbanism – Short Term Action, Long Term Change, en 2010.
L’urbanisme tactique vise ainsi l’expérimentation de l’aménagement urbain dans sa version la plus pure; la ville devient alors un laboratoire urbain, un espace d’expérimentation et d’innovation où les citoyens autant que les professionnels ont l’opportunité de prendre part à l’évolution de leur environnement. Reposant sur trois principes de base – l’échelle micro, le faible coût et le court terme – cette approche cherche à simplifier le projet urbain. Ce faisant, la barrière à l’entrée qu’impose la planification de travaux permanents est éliminée, ce qui ouvre la porte à des initiatives avant-gardistes.
De façon concrète, il s’agit donc d’aménager de façon temporaire un espace public, souvent la rue et ses abords –ceux-ci forment un ensemble d’espaces monofonctionnels de transit automobile – afin de les transformer en espaces publics animés, attrayants et diversifiés. Cette démarche s’inscrit également dans une perspective à moyen et à long terme, partant d’une réflexion sur l’évolution d’un espace désuet ou sous-utilisé et permettant de tester la revitalisation de certains milieux.
S’éloignant des pratiques conventionnelles, l’urbanisme tactique (UT) permet de réaliser des changements spontanés dans l’environnement urbain rapidement et à faible coût, faisant alors évoluer l’espace public au même rythme que la ville.
Les caractéristiques propres à l’UT
Découlant souvent de l’initiative de groupes de citoyens, les projets tactiques peuvent également être initiés par les villes. Le plus célèbre exemple est certainement la piétonnisation de Times Square, où la Ville de New York limita la circulation automobile, pour redonner la rue aux 350 000 piétons qui s’entassaient sur les minces trottoirs chaque jour.
Conseillé judicieusement par la firme de l’architecte-urbaniste danois reconnu internationalement, Jan Gehl, le Department of Transportation de New York débuta son intervention temporaire sur le site en ayant recours à de la peinture au sol et à un mobilier extérieur bon marché. Le succès fut tel, qu’un volume impressionnant de demandes citoyennes furent formulées afin de poursuivre le réaménagement du secteur.
Par l’adoption d’une série de mesures temporaires et économiques, la Ville put facilement tester les demandes des citoyens, conservant par la suite les plus efficaces définitivement. Encore aujourd’hui, Times Square est en constante évolution.
Cinq caractéristiques spécifiques :
- l’approche délibérée et phasée dans le temps;
- les solutions globales à des problématiques locales;
- l’engagement à court terme et attentes réalistes;
- le faible risque et haute probabilité de réussite;
- le développement de liens entre les décideurs, les citoyens et les planificateurs et coordination entre eux.
Image: Ville de Montréal