
Le design urbain adapté à l’hiver | Pour que la forme urbaine s’adapte au climat
24 janvier 2017

Pourquoi est-ce important?
L’hiver est souvent considéré comme une saison morte. Moins animée compte tenu de la température et de la courte période d’ensoleillement, elle nécessite une attention particulière. Il s’agit généralement d’une saison moins achalandée pour les commerçants. Les gens passent plus de temps à la maison, considérant souvent l’extérieur peu confortable, glissant et sombre. D’un point de vue social, cela mène beaucoup de gens à une situation d’isolement. Pourtant, nos villes devraient être adaptées à notre climat. Le design urbain peut inciter ces gens à sortir, grâce à de l’animation dans l’espace public, notamment dans les secteurs commerciaux. Trois aspects doivent être considérés en priorité : la lumière, le confort bioclimatique et la programmation de l’espace.
Un enjeu majeur durant les mois d’hiver est le nombre limité d’heures d’ensoleillement. L’absence de lumière, notamment en fin de journée, réduit considérablement les opportunités d’appropriation de l’espace public. Cette absence peut également créer un sentiment d’insécurité chez certaines personnes qui limiteront dans ce cas leurs activités extérieures. Il est donc primordial de prendre en considération cette dimension lors de l’aménagement de tout espace public, qu’il s’agisse d’une rue, d’un parc ou d’une place.
Le climat hivernal est bien souvent une raison suffisante pour demeurer à l’intérieur. Cependant, celui-ci peut varier de façon importante selon l’environnement bâti qui l’entoure. L’ombre et le vent amplifient le froid ressenti. Inversement, un environnement urbain conçu de façon à bénéficier d’un maximum d’ensoleillement et de protection du vent sera agréable même durant les mois d’hiver. Des microclimats peuvent ainsi être créés volontairement afin de maximiser le confort. Par exemple, plusieurs stations de ski européennes proposent déjà des espaces publics et des terrasses orientées vers le sud et le sud-ouest, permettant de manger à l’extérieur et de s’étendre au soleil tout au long de l’hiver. Pourquoi ne pas lereproduire en ville alors?
Enfin, l’espace public doit être conçu pour accueillir des événements, récurrents ou occasionnels, et permettre une appropriation dans le cas d’activités spontanées. Il doit donc être flexible et convivial.
Prévoir où s’accumulera la neige
Les chaussées et les trottoirs ont rarement été réfléchis en fonction de l’hiver. Les accumulations de neige et d’eau se forment aux coins des rues, rendant les intersections désagréables à franchir. C’est une situation particulièrement problématique pour les personnes âgées et à mobilité réduite, des populations dont on doit prendre en compte les besoins si l’on considère ladémographie du Québec. L’ajout de saillies de trottoir ou la création d’intersections ou de traverses surélevées au niveau des trottoirs à titre préventif permet de réduire la surface à déneiger et de déplacer les zones d’accumulation d’eau hors des passages piétonniers. Dans la conception de projets immobiliers, l’accumulation de neige ou non sur les toits doit être aussi prise en compte. Les chutes de neige ou de glace sur les trottoirs et accès aux bâtiments doivent être évitées. Enfin, les jeunes arbres sont fragiles et ne devraient pas être plantés là où l’on compte entasser la neige.
Cinq éléments de confort en hiver
La Ville d’Edmonton a récemment adopté des directives de conception hivernale (Winter Design Guidelines) prenant en compte les éléments suivants :
- l’ensoleillement : le soleil offre une chaleur bien accueillie, surtout lorsqu’il n’est présent que quelques heures par jour;
- la protection contre le vent : l’orientation des îlots, l’implantation, la forme des bâtiments ainsi que la présence de végétation réduisent le vent;
- l’abri couvert : auvent, canopée, marquise, alcôve créent des microclimats confortables;
- la couleur et la lumière : la couleur et la lumière peuvent égayer les mois les plus sombres et augmenter la sécurité;
- le feu : un simple foyer peut réchauffer l’espace à la fois physiquement et psychologiquement. Des lampes chauffantes peuvent convenir dans certains cas.
Image: Ville de Québec